Le syndrome du bébé secoué désigne un traumatisme crânien qui survient lorsque l’on secoue violemment un nourrisson. Ce drame se produit le plus souvent quand la personne qui s’en occupe est exaspérée par les pleurs.
Chaque année, en France, plusieurs centaines d’enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué (SBS) – un chiffre fortement sous-estimé, selon la Haute Autorité de santé (HAS), en raison de diagnostics non posés. Les enfants de moins de 1 an, et particulièrement ceux de moins de 6 mois, sont les plus touchés. Le SBS désigne « les symptômes et les lésions liés à l’empoignement d’un enfant par un adulte qui le secoue de manière violente, explique le docteur Anne Laurent-Vannier, spécialiste en médecine physique et de réadaptation et présidente du groupe de travail mis en place par la HAS pour l’actualisation des recommandations. Il s’agit d’une forme de maltraitance non accidentelle, d’un geste d’une extrême violence, qui survient le plus souvent lorsque la personne qui s’occupe de l’enfant est exaspérée par ses pleurs ».
Les symptômes qui doivent alerter
Les symptômes qui apparaissent après le secouement sont variés. « Ils peuvent aller du malaise grave immédiat, avec pause ou arrêt respiratoire, à la baisse de la vigilance pouvant aboutir au coma, en passant par de l’hypotonie (une perte de tonus) ou une révulsion oculaire, et parfois des convulsions, une baisse de l’interaction, une apparition de vomissements sans fièvre ni diarrhée, une hausse anormale du périmètre crânien ou encore une baisse du poids », énumère Anne Laurent-Vannier. Certains signes sont trompeurs et peuvent être difficiles à interpréter par les médecins, « d’où la nécessité de bien informer les professionnels de santé », précise-t-elle, avant d’ajouter que « les ecchymoses, les hématomes ou les fractures chez le tout-petit doivent alerter, faire évoquer la maltraitance et conduire à réaliser un bilan complet ».
Des conséquences dramatiques
Lorsqu’un bébé est secoué, des lésions peuvent survenir même si la tête de l’enfant ne reçoit aucun choc. « Des hématomes sous-duraux (du sang dans les espaces méningés) par rupture de veines périphériques du cerveau sont presque constamment observés, ainsi que des hémorragies (au niveau de la rétine), bien que celles-ci ne soient pas systématiques, indique le docteur Laurent-Vannier. Dans les cas où un arrêt respiratoire se produit, des lésions cérébrales apparaissent à cause du manque d’oxygène. Enfin, on découvre parfois des ecchymoses liées à l’empoignement, mais il peut aussi n’y avoir aucune blessure visible. » Ces traumatismes peuvent avoir des conséquences très graves pour l’enfant et induire des séquelles permanentes, voire le décès. « Le SBS peut entraîner la mort, en moyenne dans 20 % des cas, affirme la spécialiste. Plus des trois quarts des enfants survivants présenteront des séquelles, tel un polyhandicap ou un handicap invisible avec un dysfonctionnement cognitif ou comportemental. »
Eviter les situations à risque
Les pleurs sont le principal facteur déclenchant du SBS, mais ce dernier est aussi favorisé par le sentiment d’impuissance du parent ou du gardien et par la méconnaissance des dangers du secouement. Anne Laurent-Vannier rappelle qu’un bébé en bonne santé « peut pleurer deux à trois heures par jour, voire davantage, et
parfois d’affilée ». Si malgré tous les bons soins qui lui sont prodigués – vérifiez qu’il n’a pas faim, que sa couche est propre, qu’il n’est pas trop ou insuffisamment couvert, qu’il n’a pas de fièvre, qu’il n’a pas envie d’un câlin –, le bébé pleure encore et si vous sentez que vous n’en pouvez plus, « il faut coucher l’enfant sur le dos, dans son lit et quitter la pièce, préconise le médecin. Un enfant ne risque rien en pleurant dans son lit ». Cette mesure permet de limiter les situations à risque et d’aider à retrouver son calme. Il est également conseillé de parler de ses difficultés à ses proches ou à un professionnel de santé et de ne pas hésiter à demander de l’aide. « Toutes les personnes au contact des bébés devraient être informées sur les dangers du secouement et sur les mesures pour l’éviter, insiste le docteur Laurent-Vannier. L’information reste la plus efficace des préventions. »