Le physique et le poids sont des préoccupations pour nombre d’entre nous… parfois dans l’excès, jusqu’à créer des troubles du comportement alimentaire (TCA). On entend régulièrement parler d’anorexie et de boulimie, mais qu’en est-il de l’hyperphagie ? Sous-estimé, ce trouble alimentaire concerne toutefois un grand nombre de personnes. Selon la Haute Autorité de santé, 3 à 5 % de la population serait touchée. À titre de comparaison, l’anorexie est une maladie plus rare (entre 0,9 et 1,5 % des femmes et 0,2 à 0,3 % des hommes).
Les signes pour reconnaître l’hyperphagie
Les symptômes de l’hyperphagie peuvent paraître semblables à ceux de la boulimie. Ils impliquent des épisodes récurrents de consommation excessive d’aliments sur une période très courte. Le patient ne mange plus par faim, mais par perte de contrôle : on appelle ces épisodes le « binge eating ». Certains deviennent capables de se lever la nuit pour manger des quantités conséquentes à l’abri des regards de leurs proches. Les crises sont généralement suivies d’un sentiment de honte. Mais si les patients boulimiques adoptent des comportements compensatoires face à cette culpabilité, tels que les vomissements ou la prise de laxatifs, ce n’est pas le cas de ceux souffrant d’hyperphagie. Ils peuvent ainsi développer une surcharge pondérale, ce qui accroît leur sentiment de honte.
Qui peut être touché par ce trouble ?
À la différence de l’anorexie, qui touche beaucoup plus les jeunes filles, les victimes d’hyperphagie sont autant d’hommes que de femmes. Ces dernières années, il a été observé que les TCA touchent des patients de plus en plus jeunes, notamment les 14-24 ans. Mais concernant l’hyperphagie, le pic de risque se situerait vers vingt ans, toujours selon la HAS. Les personnes les plus susceptibles de développer ce trouble sont en souffrance psychologique ou en pleine période de vulnérabilité. Les crises sont alors un moyen d’exprimer ses angoisses et d’essayer de les gérer. On parle ainsi de « manger ses émotions ». Les causes sont donc bien plus complexes qu’elles n’y paraissent et la « volonté » n’entre pas en compte.
Comment réagir face à ce comportement ?
Vous vous reconnaissez ou reconnaissez l’un de vos proches dans cette description ? Accepter de parler de ce trouble est déjà un grand pas en avant. En effet, par honte, beaucoup de patients consultent pour cause de surpoids, mais sans oser évoquer leurs crises. Pourtant, un suivi médical et surtout psychologique est nécessaire pour en sortir. Tous les troubles de l’alimentation, que ce soit l’hyperphagie, l’anorexie ou la boulimie, ont un retentissement important sur la santé physique et psychique. Ils sont associés à un risque de surmortalité liée aux troubles métaboliques induits, mais aussi au risque accru de suicide. Il ne faut donc pas rester seul dans la souffrance et en parler dès les premiers signes à ses proches de confiance ou à un médecin. Ce dernier pourra rediriger le patient vers plusieurs professionnels de santé qui travailleront en collaboration : nutritionniste, psychiatre ou psychologue. Cela permettra de traiter les différentes phases du trouble et de retrouver un rapport sain à la nourriture.