En quête de soins naturels, les Français se tournent de plus en plus vers les huiles essentielles pour soigner les petits maux du quotidien. Si celles-ci sont en apparence inoffensives, leur maniement requiert de prendre certaines précautions.
Les huiles essentielles (HE) sont des principes aromatiques obtenus par distillation à la vapeur d'eau ou par expression. En vente libre, elles sont prisées pour leurs nombreuses vertus. Il est cependant nécessaire d’avoir certaines connaissances de base avant de les utiliser. Fabienne Millet, docteur en pharmacie, spécialisée en aromathérapie et en phytothérapie, nous délivre ses conseils pour bien choisir les HE et les manier correctement.
Les modes d’utilisation
« Lorsque l’on débute, il faut privilégier les modes d’utilisation les plus simples, explique-t-elle. Mieux vaut éviter le contact direct avec la peau, car certaines HE peuvent être très irritantes et parfois provoquer des brûlures. Préférez l’inhalation sèche – qui consiste à déposer deux gouttes sur un mouchoir, puis à inspirer deux ou trois fois sans contact cutané –, à réitérer plusieurs fois par jour. La diffusion atmosphérique est aussi possible. Elle peut être active, grâce à l’utilisation d’un diffuseur électrique à eau ou à jet d’air sec, ou passive, en déposant cinq ou six gouttes d’HE sur un support comme un galet poreux. Des produits à base d’HE prêts à l’emploi sont également disponibles sur le marché. »
Les HE peuvent aussi être administrées par voie orale, de manière exceptionnelle et sous le contrôle d’un professionnel de santé, ou par voie cutanée si elles sont diluées, c’est-à-dire mélangées avec de l’huile végétale avant d’être appliquées sur la peau. Ces derniers modes d’utilisation requièrent des connaissances précises.
Les précautions à prendre
Les huiles essentielles ne sont pas inoffensives et sont notamment contre-indiquées pour les personnes qui présentent un risque de convulsions ou d’allergies. Elles peuvent provoquer des irritations cutanées et certaines sont photosensibilisantes. « Les femmes enceintes ou qui allaitent peuvent utiliser les HE en inhalation sèche ou par diffusion atmosphérique, mais les autres voies d’administration leurs sont déconseillées, précise la spécialiste. De même, toutes les HE ne sont pas recommandées chez les enfants en dessous de 7 ans. Les hydrolats, dont les eaux florales (des extraits de plante obtenus par entraînement à la vapeur issue de la distillation, NDLR), avec une concentration très faible en principes actifs d’HE, leur sont plus adaptés. » Avant de recourir aux HE, mieux vaut donc demander conseil à un professionnel de santé.
Côté conservation, il faut toujours veiller à garder les flacons bien fermés, à l’abri de la chaleur et de la lumière. « Les HE se conservent en moyenne trois à cinq ans après ouverture, sauf celles obtenues à partir des zestes d’agrumes, comme l’huile essentielle d’oranger doux, qui, elles, se gardent de six mois à un an après ouverture », indique Fabienne Millet. Enfin, tout comme pour les médicaments, les flacons ne doivent pas être rangés à portée de main des enfants.
Savoir choisir une huile essentielle
Pour avoir l’assurance d’acheter un produit pur et naturel, les flacons doivent comporter cinq informations : le nom de la plante en latin et en français, la variété botanique, la partie utilisée (fruit, fleur, feuille…) et le chémotype (profil chimique). Toutes les huiles essentielles subissent des contrôles, qu’elles soient ou non issues de plantes certifiées « bio ». Si elles sont vendues dans de nombreux magasins (pharmacies, magasins bio, grandes surfaces) et sur Internet, il faut privilégier le conseil. « Le vendeur doit être en mesure de vous donner des informations précises sur les modes d’utilisation ainsi que sur les contre-indications », souligne Fabienne Millet.
Les quatre huiles du débutant
La spécialiste en aromathérapie et en phytothérapie recommande :
- L’huile essentielle de lavande fine (Lavandula angustifolia), pour ses propriétés calmantes, relaxantes et anti-infectieuses, à utiliser en diffusion atmosphérique, en inhalation sèche ou pure sur une toute petite zone de la peau, pour soigner une piqûre d’insecte par exemple. Si l’on n’apprécie pas son odeur, elle peut être remplacée par l’huile essentielle de petit grain bigarade.
- L’huile essentielle d’arbre à thé (tea tree), à administrer par voie cutanée pure sur un bouton d’acné, en inhalation sèche pour ses propriétés antivirales ou en diffusion atmosphérique pour assainir l’air, mais plutôt en association avec une autre HE, car son odeur est forte.
- L’huile essentielle de ravintsara (Cinnamomum camphora L.), en inhalation sèche pour dégager les voies respiratoires ou en diffusion atmosphérique pour assainir l’air. Attention cependant, cette HE est contre-indiquée pour les enfants de moins de 7 ans.
- L’huile essentielle d’oranger doux (Citrus sinensis), pour ses propriétés calmantes, relaxantes et anti-infectieuses, en inhalation sèche ou en diffusion atmosphérique. « En complément, on peut avoir chez soi de l’hydrolat de fleur d’oranger, notamment pour les enfants de moins de 7 ans et les bébés, ajoute Fabienne Millet. Il a des propriétés calmantes, relaxantes, anti-infectieuses et anesthésiantes locales. Il s’utilise en application sur la peau (poitrine, abdomen, sur une piqûre ou une brûlure), ou dans un diffuseur électrique à eau. »