Les ventes de kits d’autodiagnostic sont en plein essor. Ils prétendent, par une goutte de sang ou d’urine, détecter des maladies et des allergies sans prendre rendez-vous chez le médecin. Mais sont-ils réellement dignes de confiance ? Prudence…
Le boom de l’autodiagnostic
Avec la crise sanitaire, c’est un geste qui est entré dans les mœurs. Validés par la Haute Autorité de santé, les autotests nasaux ont joué un rôle phare dans le dépistage de la Covid-19. D’autres dispositifs promettent de déceler une maladie infectieuse (VIH, maladie de Lyme, mycose vaginale…), chronique (diabète, cholestérol, maladie hépatique…), une allergie, une carence en fer, la présence de cannabis ou le niveau de fertilité.
Les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) et autotests représentent ainsi 20 % du marché du diagnostic in vitro en France, soit plus de 2 milliards d’euros.
Le plus vendu ? Le test d’intolérance au gluten. L’utilisateur prélève une goutte de sang au bout du doigt avec un autopiqueur. Les résultats, disponibles en 5 minutes chrono, indiquent la présence éventuelle d’anticorps spécifiques.
La dernière tendance en matière d’autodépistage : l’analyse minérale capillaire. À partir d’une mèche de cheveux, des kits vendus à prix d’or offrent la possibilité de mesurer les charges de métaux lourds, tandis que d’autres quantifient le niveau d’exposition aux pesticides, bisphénol A et perturbateurs endocriniens. Considérés comme « analyses de confort », ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.
Tous les tests ne se valent pas
Parmi les nombreux tests vendus sans ordonnance, seule une poignée présente un véritable intérêt médical. C’est la conclusion d’un rapport de l’Académie de pharmacie paru en 2018. Sur treize autotests analysés, l’institution en recommande seulement trois.
Côté mauvais élèves : les tests contre la maladie de Lyme, les allergies et le cancer de la prostate dont l’efficacité est largement contestée en raison de risque élevé de faux positif et de faux négatif. Ceux contre le VIH, le tétanos et les infections urinaires sont en revanche éprouvés et précieux.
La prudence est de mise pour les tests de fécondité, de cholestérol, de carence en fer et de ménopause : s’ils fournissent des indications utiles, leur interprétation peut s’avérer sujette aux erreurs. C’est pourquoi ils doivent impérativement être confirmés par des examens réalisés en laboratoire et interprétés par un médecin.
En résumé, selon les experts : l’autotest ne remplace en aucun cas une consultation.
Des dépistages qui peuvent sauver la vie
Le cancer colorectal touche chaque année plus de 43 000 personnes en France. Depuis mars 2022, il est possible de commander un kit de dépistage directement sur le site monkit.depistage-colorectal.fr.
Pris en charge par l’Assurance maladie, ce test rapide et indolore est à effectuer chez soi puis à envoyer au laboratoire.
Il permet de repérer un polype avant qu’il n’évolue en cancer et s’adresse aux personnes âgées de 50 à 74 sans symptôme, ni antécédent. Autre nouveauté : l’auto-prélèvement vaginal (APV) pour rechercher la présence d’HPV (papillomavirus humains), responsables de 6 300 nouveaux cas de cancers de l’utérus par an.
Recommandé par la Haute Autorité de santé, il est préconisé pour les femmes à partir de 30 ans, en alternative au frottis cervico-utérin effectué chez le gynécologue.